Grand débat : passons des paroles aux actes par Jean-Michel Fourgous

Territoires oubliés, ras-le-bol fiscal, refus d’un certain mépris des élites... Cela fait désormais plusieurs semaines que les Français expriment un cri de colère sans précédent.
Partout dans nos communes, de nombreux maires ont joué leur rôle de facilitateurs pour faire remonter au gouvernement les doléances de leurs concitoyens.

Beaucoup d’entre eux ont ainsi évoqué leur exaspération fiscale face aux 360 impôts et taxes, un record du monde, qui les pénalisent et les empêchent de vivre dignement de leur travail. D’autres attendent des mesures fortes en matière de pouvoir d’achat, sur la TVA pour les produits de première nécessité par exemple ou encore sur les retraites, souvent malmenées par l’inflation et la hausse de la CSG. Nos compatriotes ont enfin exprimé une demande de décentralisa- tion, en redonnant plus de liberté à nos territoires, alors que ces derniers subissent aujourd’hui une imprévisibilité budgétaire iné- dite, avec notamment la suppression programmée de la taxe d’ha- bitation qui risque de mettre nos communes sous tutelle de l’Etat... Mais attention à ne pas transformer ce « Grand Débat » en un « Grand Blabla » ni à confondre les cahiers de doléances avec des lettres au père Noël !

Oui, les Français sont en droit de savoir comment chaque revendi- cation sera financée, sinon, toute idée (aussi bonne soit elle) risque de ne rester qu’un vœu pieu, voire de se transformer en nouvel impôt... dans un pays, la France, qui en détient déjà le record du monde... Ça serait quand même un comble que cette révolte fiscale se transforme finalement en concours Lépine de la fiscalité !

Car comment occulter le grave contexte budgétaire que subit actuellement notre pays ?
Selon la Commission des finances de l'Assemblée nationale, la dépense publique a ainsi augmenté de +44 milliards d'euros en 2018-2019 contre +28 milliards d'euros en 2013-2014. Résultat, la France détient le record européen de la dépense publique et le pire déficit de la zone Euro... Quant à notre dette, elle vient de franchir la barre symbolique des 100 % du PIB et continue inexorablement d’augmenter, « à rebours de la quasi-totalité des pays européens » selon le Haut conseil des finances publiques... Mais alors, que faire ?

Il s’agit d’abord de s’attaquer au gaspillage de l’argent public, plutôt que d’augmenter la fiscalité comme les dernières pistes évoquées laissent malheureusement le craindre (alourdissement des droits de succession, taxation de la revente des résidences principales, réduction des crédits d'impôt pour les familles, création d’une nouvelle tranche d'impôt sur le revenu, hausse de l’IFI...). Des solutions concrètes existent comme l’augmentation du temps de travail à 39 heures par semaine dans la fonction publique, la baisse du train de vie de l’Etat en accélérant notamment la digitalisation des administrations ou encore la réforme des retraites en alignant le mode de calcul pour plus d’égalité entre le public et le privé.

Il est également urgent de valoriser le travail plutôt que l’assis- tanat car c’est une triste réalité : le travail ne paie plus assez et l’écart entre le travail et l’assistanat est souvent faible, voire parfois nul. L’instauration de contreparties au versement du RSA ou la mise en place d’une Allocation sociale unique pourraient notamment y remédier.

Il s’agit enfin de libérer notre croissance alors que nos créa- teurs de richesses et d’emploi restent toujours plombés par nos 400 000 normes administratives souvent asphyxiantes et notre fiscalité parfois étouffante.

Le taux d'imposition des entreprises françaises est en effet le plus élevé d'Europe selon la Banque mondiale (60 %) en 2018, deux fois plus qu'au Royaume-Uni (30 %) et 20 points de plus que la moyenne européenne de (40 %)...

Quant aux motifs d'inquiétude pour les entreprises, ils se multiplient, avec notamment le prélèvement à la source qui a engendré jusqu'à 1,2 milliard de coûts de gestion supplémentaires cette année, au moment où sont aussi évoquées la prise en charge par les employeurs des arrêts maladie ou la surtaxation des contrats courts...

Alors, à quand un environnement social, fiscal et réglementaire opti- mal pour nos entrepreneurs ? C’est le grand combat de Génération entreprise – Entrepreneurs associés que ses 150 parlementaires membres continuent de mener avec passion, au service de la France.