Il y a urgence, osons la thérapie de choc ! par Jean-Michel Fourgous

« Si la France était une entreprise, elle ne serait pas en dépôt de bilan mais proche de la mise en liquidation », a récemment déclaré Pierre GATTAZ, le Président du MEDEF. C’est dire si la situation économique de notre pays est inédite.

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il y a en France près de 1000 chômeurs de plus chaque jour. Et rien ne semble être en mesure de stopper ce fléau. Pire, les entrepreneurs ont la désagréable impression que la situation empirera dans les mois qui viennent tant le gouvernement socialiste semble incapable d’endiguer le mouvement.

 

Mais qu’a-t-il fait jusque là ? François Hollande a déclaré la guerre à la Finance tout en continuant d’alourdir une dette colossale qui frôle aujourd’hui les 2.000 milliards d’euros… Il a assommé nos entreprises de taxes idéologiques en leur faisant vivre, selon Christian Saint-Etienne, « le choc fiscal le plus violent depuis la Seconde guerre mondiale ». Il a misé sur des emplois aidés, financés par de nouveaux impôts, à destination d’un secteur public dont l’obésité ne cesse de s’aggraver. Le résultat de cette politique est un véritable échec : notre économie est à l’arrêt, nos entreprises sont asphyxiées, la confiance est cassée.

 

Quant à l’attractivité de notre pays, elle est en berne. Les investissements directs étrangers en France ont chuté de 77% en 2013, une baisse historique. Près de 80% des étudiants de Grandes écoles envisagent de quitter la France ! Du jamais vu... Nos enfants ne veulent plus vivre dans un pays qui condamne la réussite, qui stigmatise le succès, qui bride les talents ! Depuis la Révocation de l’édit de Nantes, jamais notre pays n’avait vécu un tel exode de ses forces vives. Quant à la taxe à 75%, unique au monde, elle continue de faire des dégâts. Avec un tel impôt, c’est « Cuba sans le soleil » avouait même Emmanuel MACRON, l’ancien conseiller économique du Président de la République. En effet, la délocalisation des sièges sociaux et le départ des grands patrons s'intensifient. Chris VIEHBASHER, directeur général de SANOFI, vient ainsi d'annoncer son déménagement à Boston. Il ne fait que compléter la longue liste des chefs d’entreprise qui ont, eux aussi, été contraints de quitter le pays. A l’étranger, certains investisseurs surnomment même notre pays « 75-35 », en référence à la taxe à 75% et aux 35 heures… « Avant la France faisait rire, maintenant elle fait peur », me confiant récemment un chef d’entreprise américain. Le sursaut national, que nous appelons de nos vœux, n’est donc pas uniquement une nécessité, c’est une urgence.

 

Car pendant que la France décroche en Europe, l’Espagne redémarre, l’Allemagne accélère, le Royaume-Uni également. Plutôt que de lancer des réformes audacieuses, François Hollande a fait le pari que la croissance mondiale profiterait à l’économie française. Mais, Monsieur le Président de la République, la croissance n’est pas un phénomène météorologique qui arriverait comme la pluie ou le beau temps, elle se stimule en créant les conditions optimales à son développement ! A lui désormais de trouver le courage de mettre en œuvre les mesures qu’il s’est à ce jour interdites et que tous nos voisins appliquent depuis longtemps, avec pédagogie et pragmatisme. C’est ce que nous rappellerons au conseiller économique de Manuel VALLS que nous rencontrerons à la rentrée.

 

Car pour sortir de la crise, la France doit oser la thérapie de choc. Il est indispensable de s’attaquer en profondeur aux rigidités des 3600 pages de notre code du travail, en supprimant notamment ces fameux seuils sociaux qui empoisonnent la vie de nos entrepreneurs. De 160.000 à 500.000 emplois pourraient ainsi être créés ! De même, notre pays doit cesser d’être un enfer fiscal avec des impôts idéologiques uniques au monde. L’ISF continue ainsi d’être un véritable poison pour notre économie : il a déjà fait fuir plus de 600 milliards d’euros d’actifs financiers hors de France, selon l’ancien Commissaire général à l’investissement René RICOL.  A cause de cette fiscalité folle, la Fondation Concorde estime que ce sont plus d’1 million d’emplois qui ont été détruits dans notre pays en 20 ans. Enfin, l’État doit réduire son train de vie et mieux accompagner les acteurs économiques, plutôt que de toujours chercher à les contrôler, à les contraindre, à les punir. Un classement international a révélé qu’en matière de complexité administrative, la France se situait entre l’Angola et la Birmanie ! La prochaine élite dirigeante aura-t-elle l’audace de sortir de cette soumission culturelle vouant un culte à l’État pour mieux le réformer ? Nous ne pouvons que le souhaiter car c’est aujourd’hui une réalité : pour notre pays, l’État est devenu le problème et nos entreprises la solution.

 

Toutes ces mesures sont connues, nous les avions détaillées dans notre Livre blanc remis au Président de la République, il y a quelques mois. Mais après les discours, place à l’action ! Alors que Paris devrait demander un nouveau délai à ses partenaires européens pour tenter de parvenir aux 3% de déficit, on peut comprendre que cette nouvelle faveur les agace. Car eux se réforment, la France non. Eux ont commencé des politiques d’économies, la France commence à peine. Nos voisins n’ont pas zigzagué avec la réalité depuis 2 ans, ils n’ont pas considéré que la croissance reviendrait un jour comme par miracle, ils n’ont pas inventé d’improbables « boîtes à outils ». Ils ont constaté que la situation était grave et pris les mesures qui s’imposaient.  

 

Avec plus de 5 millions de Français qui pointent chaque mois à Pôle Emploi, il n’est plus temps de tergiverser. La Grande aventure socialiste doit cesser. Il faut agir vite et fort.