Facilitons la récapitalisation de nos entreprises familiales par Alain Moyne-Bressand

Alain Moyne-Bressand, Député de l’Isère et Maire de Crémieu, est favorable à des mesures permettant aux entreprises familiales de renforcer leur fonds propres pour mieux affronter la concurrence internationale et poursuivre leur croissance


 Pensez-vous que la pérennité des entreprises familiales – qui sont essentielles à notre tissu économique – soit menacée ?

Dans son rapport rendu en octobre 2009 à Hervé Novelli, alors Secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, et des petites et moyennes entreprises, Olivier Mellerio , affirme que « si l’entreprise familiale reste encore largement majoritaire en France, en regroupant 83% des entreprises, et contribue très largement à la richesse du pays avec environ 50% du PNB et des emplois, elle est gravement menacée dans sa pérennité, en particulier dès que les entreprises grandissent en taille. »


En effet, si la France comptabilise un très grand nombre de TPE et PME, ainsi que 40 grandes entreprises dans les 500 premières mondiales, elle ne compte, en revanche, que 4600 ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire comprenant entre 250 et 5000 salariés), soit trois fois moins d’ETI qu’en Allemagne, et deux fois moins qu’en Angleterre.

Cette menace qui pèse sur la pérennité des ETI résulte notamment de l’incapacité structurelle des entreprises familiales à accumuler du capital, car 85% des ETI sont des entreprises familiales. Et, malheureusement, cette menace est d’autant plus réelle aujourd’hui que le projet de loi de finances pour 2013 porte fortement atteinte à l’initiative entrepreneuriale, la capacité à innover, et la compétitivité, le seul mot d’ordre de notre gouvernement actuel étant de taxer les revenus du capital. 

Quels en sont les enjeux de compétitivité pour les entreprises familiales sur les marchés internationaux? 


L’international est le nouveau relais de croissance et l’innovation est le levier de compétitivité, il faut donc absolument stimuler nos entreprises familiales à investir et à innover pour qu’elles puissent être compétitives et être en mesure de conquérir les marchés internationaux. Pour investir les marchés internationaux, il faut accumuler du capital, car ce sont eux, les capitaux propres, qui permettent d’investir et d’innover sans recourir à l’endettement.

Pourtant, les entreprises européennes sont particulièrement dépendantes du crédit bancaire pour leur financement: elles y ont recours à hauteur de 75% contre seulement 50% pour les entreprises japonaises et 20% pour les entreprises américaines . Il faut donc réduire la dépendance de nos entreprises familiales au crédit bancaire et favoriser l’accumulation du capital qui permet la croissance. Les capitaux propres servent également de garantie aux créanciers de l’entreprise. Et, cette recapitalisation des entreprises est d’autant plus fondamentale que nous traversons une crise économique sans précédent, les banques sont donc plus frileuses que jamais pour les soutenir.

Quels moyens voyez-vous pour encourager l’investissement ?

Pour augmenter les capitaux propres des entreprises il faut donc encourager l’investissement. Pour encourager l’investissement, on peut multiplier les dispositifs tels que l’investissement TEPA mis en place par Nicolas Sarkozy ou l’investissement Madelin. On peut aussi relever les plafonds d’exonération de ces dispositifs. 

C’est ainsi qu’on incitera l’investissement des particuliers vers les PME et c’est ainsi que nos PME pourront grandir en taille, et que nos entreprises familiales pourront rester le moteur de la création des richesses et des emplois de demain. Enfin, et pour conclure, je rajouterai que, s’il faut effectivement rétrécir les écarts d’imposition entre revenus du capital et revenus du travail, c’est plus en abaissant l’imposition du travail qu’en augmentant systématiquement celle du capital qu’il faut le faire.