Obélix et Astérix nous ont quittés... par Philippe Briand

Qui dans notre pays crée de la richesse, de la valeur ajoutée, de l’emploi, du mieux-être pour chacun des Français? Qui si ce n’est celui qui entreprend, investit, imagine un avenir économique où tout un chacun peut trouver sa place?

La France est en deuil. En deuil de sa compétitivité économique, en deuil de ses réformes, en deuil de sa vision de l’avenir. Preuve en est, certains qui ont tant aimé notre pays, nous ont quittés pour des raisons terriblement concrètes. Je pense, sans détours, à notre Obélix national, Gérard Depardieu, et à son compère Astérix, Christian Clavier qui, sous le choc d’un coup de menhir fiscal devenu insupportable, se sont réfugiés dans un nouveau village gaulois dont le nom est Russie pour l’un, Grande Bretagne pour l’autre. Cette désertion n’est en aucun cas un acte de lâcheté, comme le soutiennent les reliquats d’une nomenklatura intellectuelle et bien-pensante de gauche. Non, elle est une rébellion animée d’un réalisme et d’un bon sens qui sonnent l’alerte que dans notre pays tout marche à l’envers: une idéologie vieillotte au pouvoir, une mentalité ringarde qui pense que les riches sont des salauds, une technocratie tatillonne qui suppose que tout le monde est coupable. Mais par Toutatis, Qui dans notre pays crée de la richesse, de la valeur ajoutée, qui donne les conditions de la croissance, de l’emploi, donc du mieux-être pour chacun des Français? Qui, si ce n’est celui qui entreprend, investit, imagine un avenir économique où tout un chacun peut trouver sa place?


Aujourd’hui, tout se passe comme s’il fallait casser du riche au prétexte qu’il s’enrichit…gratuitement! Mais qui prend les risques? Qui les assume? Qui les repense, ces risques, sans cesse? Pourquoi nous ont-il quittés? «Dites-moi qu’ils sont partis pour une autre que moi mais pas à cause de moi», dit le chanteur! Bien sûr qu’ils sont partis à cause des dirigeants actuels, ceux d’une France qui ne voit plus les choses en face et s’offre un délire dont elle n’a plus les moyens: déficit budgétaire abyssal, dette publique aux limites du supportable, protections sociales en tout genre qui garantissent tellement mieux ceux qui ne font rien que ceux qui travaillent ou souhaitent travailler. 


Ah oui, la France vit au-dessus d’elle-même mais désormais au-dessous des autres pays. Chaque jour, une usine ferme. Chaque jour, faillites et délocalisations font que des milliers d’emplois et de familles sont sacrifiés parce qu’aucune vision stable de l’avenir n’est proposée. Parce qu’aucune de ces entreprises ou de ces entrepreneurs ne peuvent s’appuyer sur une fiscalité stable. Parce que les lois, décrets, directives, sont autant de guillotines administratives qui coupent toute énergie, toute initiative, toute création, tout simplement toute liberté d’entreprendre. Et que tout cela se traduit par un chiffre, un seul chiffre: la France vient de perde quatre places au classement des pays les plus attractifs…la reléguant au niveau des pays oubliés de la mondialisation dont par pudeur je ne veux pas citer les noms! 
Et si le patron de LVMH met une partie de son holding familial en Belgique, ce n’est pas en raison d’un coup de foudre soudain pour un plat pays qui n’est pas le sien, mais parce qu’il veut protéger l’intégrité de son groupe et de ses 98 000 salariés! Disons les choses, en décembre dernier, Paul-Charles Ricard, au nom de cette réalité fiscalement totalitaire, a dû vendre près de 450 000 actions de son groupe pour s’acquitter en France des droits de succession de son père Patrick Ricard. Cela lui a coûté 46 millions d’euros!
Concrètement, quelles conséquences? Dramatiques, si l’on comprend que vendre des actions, c’est potentiellement le risque de perdre le contrôle de son entreprise au profit d’un fonds qui, le plus souvent, ne connaît même pas le métier! C’est autant d’argent que l’entreprise n’a plus pour pouvoir se développer! C’est imposer à son groupe, à ses cadres, à ses salariés, une vision à court terme alors qu’il faut du long terme pour mettre en œuvre une stratégie de développement efficace! Bref, quand un chef d’entreprise, héritier en ligne directe, paye l’imposition des plus-values de cessions de valeurs désormais au taux de 24% au lieu de 19%, plus 15,5% de prélèvements sociaux, cela revient tout simplement à mettre en péril la sécurité économique de notre pays!
Alors, il est temps de réagir et d’expliquer. Si nous ne réagissons pas et n’expliquons pas, la France sera bientôt un pays de pauvres. Malheureusement, bien des chiffres le montrent déjà. Au risque de choquer, notre pays est un pays en voie de sous-développement, avec une croissance négative, avec un assistanat grandissant, avec des taux de prélèvements obligatoires irrationnels, avec une lisibilité fiscale nulle à court terme et totalement improductive, avec une image d’elle-même dégradée, avec le secret espoir d’échapper à la crise en échappant à notre histoire commune: 400 000 Français vivent à Londres, préférant le fog britannique au brouillard épais de notre vision économique à visibilité nulle, pour créer une startup avec 15 livres!
Oui, nous sommes tous en exil de nous-mêmes, chefs d’entreprises, cadres, salariés. En exil d’une France qui ne prend pas la mesure des choses. Une France qui compte près de 8 millions de ses hommes et femmes – je pense aux jeunes surtout - vivant sous le seuil de la pauvreté! Et tout cela, en raison du règne grandissant d’une médiocratie au pouvoir, sûre d’elle-même, arrogante et inquisitoriale, qui a perdu le sens de la réalité au nom d’une implacable idéologie dépassée et qui n’a jamais fait ses preuves, ni dans l’histoire du monde, ni au nom des libertés individuelles.
Alors oui, aujourd’hui je suis en colère parce que je sais qu’une autre vision de notre économie est possible, en colère parce qu’il nous faut revoir toute notre politique fiscale en instaurant une flat tax encourageante alors que l’on saigne de plus en plus les entreprises et les revenus de ceux qui ont la capacité d’investir, en colère parce que je sais qu’il existe une foule immense de jeunes talents qui ne peuvent plus s’exprimer ou s’expriment au rabais, en colère parce j’aime mon pays et que je me demande parfois si mon pays aime encore ceux contribuent économiquement à sa grandeur et à son rayonnement. En colère, parce que parfois la colère est une vertu morale lorsqu’elle permet à ce qui est juste et bon pour chacun, de triompher de ce qui est injuste et mauvais pour tous. Que l’envol migratoire de nos gloires nationales sonne comme le signe d’une reconquête des grands espaces où la créativité économique se déploierait librement et pour une société meilleure! «Par tous les dieux, que Toutatis nous entende!»