Un gouvernement anti-économique par Annie Genevard

Dans plusieurs pays d'Europe l'activité économique donne des signes de reprise. Certains, que l'on disait dans une situation catastrophique, comme l'Espagne, ont entamé une phase indéniable de redressement.

 

Des lois aux conséquences ravageuses

 

La France quant à elle se retrouve prise au piège de lois dont l'application, telle une bombe à fragmentation, commence à opérer ses effets dévastateurs : la diminution drastique des dotations aux collectivités a tétanisé l'investissement local et partout dans le pays s'élève la clameur désespérée des entreprises du bâtiment et des travaux publics dont les carnets de commande ont fondu. Ce que la loi ALUR n'avait pas tué, la loi de finances de 2015 est en train de s'en charger en privant les collectivités locales de 28 milliards de dotations en 4 ans. L'investissement risque de fléchir de 30%. Une catastrophe pour les entreprises du BTP.

 

La prise en compte de la pénibilité dans ce contexte est vécue comme le coup de grâce. Et que dire du droit d'information des salariés en cas de cession d'entreprise, situation qui exige, on le sait, de la confidentialité. L'assouplissement promis pourrait consister en une contravention dont le montant serait fonction du prix de vente ! On croit rêver !

 

Le gouvernement ne peut s'emparer de sujets économiques sans saper chaque fois un peu plus la confiance sans laquelle l'économie ne peut se développer. Comment investir dans son entreprise si l'avenir est aussi sombre et les politiques aussi inconséquentes? Et pourtant, le vieillissement de notre outil productif est des plus inquiétants. Comment recruter du personnel quand le code du travail corsète les maigres marges de manoeuvre du chef d'entreprise. Partout la compétitivité demande de la flexibilité et tout est rigide dans notre pays : les codes, les règles, les rapports sociaux, les normes.

 

Sauver le commerce de proximité

 

Un des signes les plus visibles du ralentissement économique concerne le commerce de proximité. Un peu partout dans nos villes, spécialement les petits bourgs qui structurent le territoire rural et périurbain, des commerces ferment et rien n'est plus triste que des centres-villes aux enseignes abandonnées. Et voilà qu'un nouveau danger fiscal se profile. Notre administration fiscale s'est mise en tête de réformer, sans simulation, les valeurs locatives des locaux commerciaux. Dans la mesure où la valeur locative des commerces se fonde sur le montant des loyers rapporté à la surface, la conséquence est terriblement limpide. Ce sont les commerces de centralité, aux petites surfaces et aux loyers élevés, qui feront les frais de cette révision. Les élus ont refusé de prendre cette décision. Ils n'acceptent pas de valider une mesure qui risque d'aggraver le phénomène de fragilisation du commerce de proximité et d'endosser l'impopularité d'un impôt décidé par le gouvernement. La mesure sera probablement différée mais la vigilance reste de mise!

 

Il est indispensable de prendre la mesure de l'enjeu du maintien de l'activité commerciale au coeur de nos villes. Il en va de l'accès aux services pour la population, de l'emploi et de la préservation d'une activité essentielle à la dynamique de notre économie. Le géographe Cristophe Guilly dans son ouvrage La France périphérique a montré les ravages de la relégation territoriale de la France rurale et périurbaine. Un des signes de cette relégation se constate à l'abandon de milliers de commerces de proximité. Certes, le consommateur dont les habitudes ont changé a sa part de responsabilité.

Mais manifestement, depuis le début du quinquennat, le gouvernement n'a pas pris conscience des risques qui pèsent sur un secteur fragilisé par la baisse du pouvoir d'achat des Français, par le climat d'insécurité sociale qui paralyse la consommation, par le découragement de ces commerçants et artisans qui doivent affronter une conjoncture plus que morose, les dysfonctionnements du RSI, la folle inflation normative ou encore la montée en puissance du e-commerce. Mais comme si tout cela ne suffisait pas, le gouvernement a affaibli de façon irresponsable des politiques publiques qui avaient fait leurs preuves comme le FISAC, Fonds d'Intervention pour les Services, l'Artisanat et le Commerce. C'était l'outil parfaitement adapté et là encore la réflexion n'a pas présidé à l'action, aveuglée par l'obsession de rompre avec les choix des prédécesseurs.

 

La situation du commerce et de l'artisanat dans notre pays est finalement très emblématique de politiques économiques très décalées par rapport à la réalité du terrain. Elle consacre la fracture entre ce gouvernement, qui multiplie les décisions anti économiques, et les entreprises dont il faut rappeler que 60 000 d'entre elles ont fermé leurs portes en 2013 et 2014.