Donnons de l'air à nos entreprises par Jean-Charles Taugourdeau

Jean-Charles TAUGOURDEAU Secrétaire National de l’UMP chargé des PME, Député de Maine-et-Loire, Maire de Beaufort-en-Vallée, nous livre un extrait de «C’est le travail qui crée l’emploi».


En quoi notre regard sur les entreprises doit-il changer? 

Des centaines de rapports et d’articles expliquent que les PME… et qu’il faudrait… Tous ces rapports vont invariablement traiter de l’enjeu de savoir si des conditions sont réunies pour produire, et sont ensuite suivies de propositions souvent conventionnelles et trop rarement osées. Malheureusement en France, en fonction du parti au pouvoir, les rapports sont politiquement corrects ou incorrects. Et pendant ce temps de débat politicien, nos PME continuent à manquer d’air. Je crois vraiment qu’on a assez constaté, assez réfléchi à ce qu’on pourrait s’autoriser à penser à propos des mesures qu’on pourrait prendre en faveur des PME… à condition qu’il s’en crée et à condition qu’il n’en disparaisse pas trop… qu’il s’en transmette un peu! La crise aujourd’hui, nous «offre» une occasion très rare. Je crois que le moment historique est venu de proposer sans tabou une évolution «quasi révolutionnaire» de nos entreprises. Notre regard sur elles doit changer, leur mode de fonctionner doit changer. Disons-le! La France est condamnée à se positionner sur la production haut de gamme, à haute, voire très haute valeur ajoutée si elle ne veut pas clairement positionner le curseur qualitatif de sa protection sociale en la relativisant par rapport aux pays concurrents. Il est évident que nous ne pouvons pas lutter contre la moyenne gamme et la basse gamme des pays émergents. Alors, nous devons prendre des mesures franco-françaises et comprendre enfin que nos entreprises ne peuvent pas financer le social et la santé «à la française» sans répercussion directe sur leur marge, donc sur le coût de leurs produits.
Un consommateur bien soigné, bien protégé en France doit comprendre qu’il doit s’obliger à acheter des produits un peu plus chers, mais fabriqués en France! Osons simplifier la vie de l’entreprise et donc passer d’une société de défiance à une société de confiance. Cela implique d’intensifier la lutte contre la fraude sociale et la fraude fiscale. Nous légiférons sur tout, même sur l’exception qui confirme la règle. Alors la règle devient illisible et la démarche administrative compliquée. Alors, il faut agir tout de suite! 
 

Quelles propositions faites-vous pour repenser une fiscalité plus favorable au développement des entreprises?
 

Tout d’abord, l’administration fiscale doit passer d’une logique comptable à une logique économique pour permettre des réformes fiscales intelligentes (notamment le lissage des seuils): trouver le bon dosage, «investir» dans des réformes pour, à terme, encaisser plus de recettes tout en baissant les impôts. Et tout cela est possible en provoquant une réelle croissance des PME (et TPE et ETI) ! Ensuite, l’administration sociale doit également passer d’une logique de contrainte à une logique de service, comprendre et gérer les difficultés passagères des entreprises. Enfin, les accords d’entreprise adaptés à la spécificité d’une entreprise doivent primer sur les accords de branche et sur le code du travail dans la mesure où ils ne nuisent pas à la sécurité et à la santé du personnel pour des séquences occasionnelles ou saisonnières. La sur protection de l’emploi a tué le travail en freinant les embauches chez tous les employeurs qui n’ont pas de lisibilité dans l’évolution de la demande de leur clientèle. Pour ne pas être «bloqué» en cas de baisse du carnet de commandes, on n’embauche pas ou alors en intérim. Et rappelons qu’un salarié qui perd son travail a beaucoup de mal à préserver sa santé!...


Alors oui! Tout doit être fait dans notre Pays pour libérer les énergies et faciliter toutes les actions qui génèrent du travail ! Ne l’oublions pas: c’est le travail qui crée l’emploi et non l’inverse! Il faut donc que le regard de tous change envers ceux qui entreprennent, petits et grands. Dans le contexte actuel, ce sont des héros de cette guerre économique mondiale que nous n’avons ni le droit, ni les moyens de perdre.