Le patron, ce héros par Olivier Dassault

En France, monter son entreprise relève de la gageure, cela n’est malheureusement pas nouveau et visiblement cela n’est pas prêt de changer.

Les patrons, notamment ceux de PME et de TPE, sont comme des « gladiateurs dans l’arène » avec face à eux dans les rôles des rétiaires et autres mirmillons : l’administration, les politiques et les banques.

Le quotidien du dirigeant d’une entreprise, qu’il soit petit ou grand, devrait être de s’occuper de la développer en innovant, en investissant et en recrutant des talents pour l’y aider.

Au lieu de cela, son quotidien est fait de paperasse administrative, de veille législative pour tenter d’anticiper les innovations toujours plus folles du gouvernement, de lutte pour se faire payer à temps et enfin de patience voire de pugnacité avec les banques.

Au sein de Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA), nous connaissons les murs que chaque jour, ces héros que sont les entrepreneurs, doivent abattre pour survivre. A l’Assemblée et au Sénat nous sommes en première ligne pour ferrailler contre ces textes qui méconnaissent profondément ce qui fait une entreprise.

Ainsi le projet de loi du ministre délégué à l’économie sociale et solidaire présenté en conseil des ministres le 24 Juillet dernier.

Au milieu de ce texte, long de 70 articles, se trouve une disposition obligeant le chef d’entreprise à informer les salariés de sa volonté de vendre l’entreprise « deux mois avant tout projet de cession ».

Initialement le but était de permettre aux salariés de s’organiser pour éventuellement reprendre l’entreprise sous une forme de société anonyme ou d’une société coopérative et participative. Louable intention sauf qu’au final cela revient à tirer une balle dans le pied de ces mêmes salariés.

En effet la cession d’une entreprise demande de la discrétion et de la confidentialité ; tout dévoiler au grand jour avant la signature, c’est prendre le risque de faire capoter l’opération dans sa totalité et au final détruire des emplois soit l’inverse de la volonté affichée du texte.

« L’enfer est pavé de bonnes intentions » comme dit l’adage populaire.

Depuis l’épisode des « pigeons », le Président Hollande et ses ministres font régulièrement l’éloge des patrons qui « prennent des risques pour notre économie et notre emploi » et d’une société qui « valorise la réussite ». Problème, en économie les mots ne suffisent pas, seuls les actes comptent.

Quid des actes ? Après la révélation du classement du Forum économique mondial de Davos où la France est 130ème sur 148 pour le poids de sa réglementation, le ministre de l’Economie et des Finances a ainsi dévoilé un projet de loi ayant pour ambition de réduire les charges administratives pesant sur les entreprises. Un sujet essentiel s’il en est, la Commission européenne estime à 15 milliards d’économies pour les employeurs la réduction de 25% de ces charges.

Là encore louable intention sauf que depuis quarante ans tous les Présidents veulent la simplification aucun ne semble en mesure de la réaliser : Giscard voulait libérer la France de son « carcan administratif », Mitterrand fustigeait le « cancer bureaucratique » qui ronge notre pays, Chirac promettait un « Grenelle des simplifications administratives », Sarkozy avait déclaré « la guerre à la paperasse » et Hollande parla d’ « un choc de simplification ».

Au final, le poids du Code du travail a triplé en trente ans. Vous comprendrez qu’à GEEA nous restions dubitatifs sur ce nouveau projet.  

A l’heure où un petit coin de ciel bleu économique apparaît enfin, le Gouvernement doit répondre aux besoins des entreprises avec plus que des bonnes intentions mais avec des mesures concrètes. Dans cette optique la décision de supprimer le fichage des patrons à la Banque de France en cas de faillite va dans le bon sens car au final ce sont 144 000 personnes qui vont pouvoir bénéficier de cette mesure. GEEA c’est aussi cela, savoir reconnaître les avancées qui vont dans le bon sens ; si nous nous opposons au Gouvernement, nous tenons toujours à le faire de manière intelligente et pondérée dans le seul souci de l’intérêt national.

Voilà aussi pourquoi nous poussons plus que fortement pour que, la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,3 à 30% soit une réalité du projet de loi de Finances pour 2014 et que cette baisse ne soit pas accompagnée de la création d’une nouvelle taxe comme il est en malheureusement déjà question. L’avenir doit être à la baisse de la fiscalité pesant sur les entreprises pas aux tours de magie fiscale dont l’administration est trop souvent friande.

« L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare » écrivait Maurice Blondel et l’avenir de la France ce sont ses entreprises, préparons les donc à conquérir le monde au lieu de les en empêcher.