Saisir une chance dans notre malheur par Olivier Betch

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Olivier Becht est Député (Agir) de la 5ème circonscription du Haut-Rhin

(Mulhouse), Président du groupe Agir et membre de la commission de la Défense nationale et des Forces armées. Il préside la Commission de la Culture, de la Science, de l’Education et des Médias à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Il évoque son action auprès des entreprises dans un département durement touché par une crise sanitaire sans précédent. Le Covid 19 a touché plusieurs dizaines de milliers de personnes dans le Haut-Rhin. Plus de 3 500 personnes ont été hospitalisées pour des durées plus ou moins longues.

Le 19 mai, il restait 60 personnes en réanimation.

A cette même date 1 450 Haut-Rhinois étaient décédés à l’hôpital ou dans un Ehpad. Probablement plusieurs centaines d’autres sont mort à leur domicile.

La France a été durement frappée par le Covid-19. Comment les entreprises de votre département ont-elles réagi ? Certaines ont-elles fait preuve de résilience ?

Nul n’était préparé à cela. Lorsque l’épi- démie de Covid-19 frappe la région mul- housienne à la suite d’un rassemblement évangéliste qui accélère sa propagation, le Haut-Rhin devient rapidement le principal cluster français. La plupart des entreprises et commerces non essentiels au maintien des chaînes alimentaires s’arrêtent. Pour la première fois de son histoire, un site comme Peugeot Mulhouse va être tota- lement à l’arrêt pendant 2 longs mois. Rapidement, les aides mises en place par l’Etat se mettent en route. PGE et chô- mage partiel permettent de transformer les entreprises en coquilles quasi-vides. Pourtant, il faut encore faire l’avance de certains frais, gérer des loyers des emprunts.


Quelles actions avez-vous mené sur votre territoire ?

En tant que Député, je mets en place dès la première semaine du confinement une cellule d’aide économique au sein de mon cabinet parlementaire qui va soutenir les entreprises dans leurs démarches administratives, trouver des solutions, en lien avec la CCI, la Région, l’Agglomération.

Pendant ce drame, il y a eu beaucoup de peine, d'incertitudes mais aussi des extraordinaires gestes de solidarité... Y-a-t-il un moment qui vous a particulièrement marqué ?

Tout l’écosystème se tourne aussi vers la gestion de la crise sanitaire avec un incroyable élan de solidarité. Des entre- prises passent par mon intermédiaire pour offrir des masques FFP2 issus de leur stock aux soignants. Des entreprises de transport se mobilisent à ma demande pour aller chercher en pleine nuit des commandes de matériel médical, respirateurs, pousse-seringues ou de produits comme le curare, bloquées dans des entrepôts à l’autre bout de la France. Dans ces moments de grands malheur, l’Humanité se retrouve.

Et maintenant ? Avez-vous des propositions pour la reprise économique ?

La crise sanitaire n’est pas finie mais déjà pointe la crise économique et sociale, pro- bablement la plus violente de l’époque moderne. Pour relancer notre économie, nous ne devons pas simplement dépen- ser des milliards par milliers. Nous devons aussi en profiter pour bâtir un nouveau modèle économique, social et environne- mental favorisant une production et une consommation plus qualitatives que quantitatives (moins mais mieux), avec une économie qui continue de croître mais revoie sa façon de créer de la valeur ; une société recherchant le bonheur davantage dans l’être et pas exclusivement dans l’avoir, veillant au bien-être de la personne humaine et au respect de notre environnement. Certes, de telles exigences impliqueront un effort supplémentaire, celui de changer en partie de logiciel, de construire plutôt que de reconstruire pour reprendre le mot de Paul Valery, dans un moment où beaucoup cher- cheront avant tout à survivre. Mais l’Histoire nous enseigne que c’est justement dans ces périodes de drames, guerres ou révolutions, que s’opèrent les changements de modèle. Si nous savons saisir l’occasion de la crise du Coronavirus, pour effectuer ces changements en donnant un sens au plan de relance, le vieil adage pourrait à nouveau être vérifié « à quelque chose, malheur est bon ». Courage et espoir !