Economie circulaire : une exigence à venir, une opportunité dès aujourd'hui pour nos entreprises par François-Michel Lambert

François-Michel Lambert, Député des Bouches du Rhône, est Président-Fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire. GrandTémoin de la feuille de route de l’économie circulaire du gouvernement, depuis 2012 il fait converger enjeux environnementaux,pensée organisationnelle par la logistique et changement de modèle de comptabilité pour bâtir un modèle de développement plus résilient et créateur de richesses. Au pluriel !

François-Michel Lambert vous êtes Député depuis 2012 et Président de l’Institut nationalde l’économie circulaire que vous avez fondé en 2013. Quel est le rôle et la mission de cet Institut ?

L’Institut national de l’économie circulaire (INEC) regroupe plus de 200 membres : entreprises, fédérations professionnelles, éco-organismes, collectivités, écoles et universités, ONG, experts.

Lieu de réflexion nous produisons depuis plus de 6 ans des études et notes de contexte, constituant une majorité des tra- vaux en France sur l’économie circulaire. C’est aussi un lieu d’échanges, de ren- contres et d’expérimentations, l’INEC développe des programmes comme la plateforme www.economiecirculaire.org en open-access dont l’objectif est de partager l’information et des bonnes pratiques en matière d’économie circulaire.

Reconnu en France, principal « pourvoyeur » d’amendements « économie circulaire » dans différentes lois depuis 2013 l’INEC est la référence française auprès du CESE Europe. Ce sont aussi des conventions de partenariat avec la Métropole du Grand Paris Andorre, le district d’Abidjan, des collectivités du Pays Basque espagnol, des universités au Québec, à Shanghaï... Aujourd’hui l’INEC c’est 11 personnes à plein temps.

On parle beaucoup de l’économie circulaire, quelle est votre vision sur ce sujet ?

Nos prélèvements sur les ressources naturelles dépassent largement la capacité de la Terre à fournir des ressources et à absorber les déchets : l’humanité utiliserait 1,6 planète pour subvenir à ses besoins. Cette croissance continue n’est pas pérenne, nous devons changer notre modèle de développement.

C’est pour cela que l’économie circulaire, telle que je la porte, est celle qui centre notre modèle de développement sur la ressource pour créer plus de producti- vité, d’efficience d’usage, de richesses sur les matières mobilisées. C’est ce que j’ai porté par des amendements dans la loi TECV de 2015.

Et concrètement ?

C’est une approche systémique, c’est à dire que nous devons repenser les fondements même de notre société du gaspillage. Nous allons faire bouger la société, en agissant sur les 4 leviers de l’action poli- tique pour inscrire la France dans une trajectoire de réduction de notre dépen- dance aux ressources :

• Agir sur la fiscalité, à la hausse sur les mauvaises pratiques et à la baisse sur les solutions qui préservent.
Utiliser l’outil réglementaire pour interdire des produits ou au contraire obliger à agir. • Mobiliser les fonds publics pour soutenir l’innovation.

• Former pour changer les comportements et les compétences.

L’INEC propose 10 actions (à retrouver sur www.institut-economie-circulaire.fr) à mener dans le cadre de la future loi sur l’écono- mie circulaire, programmée à l’automne.

Comment l’économie circulaire peut faire partie d’une stratégie d’entreprise ?

L’entreprise doit faire la chasse au gas- pillage, aux déchets inutiles et coûteux, à la dilapidation des ressources qu’elle mobilise.

Coopérer dans son territoire, entamer la transition vers une économie d’usage plutôt que de propriété, déterminer de nou- veaux modèles financiers pour accroître la valeur ajoutée par kilo de matière utilisée, créer, traiter, fiabiliser des données pour mieux allouer les ressources vers un objectif de préservation et d’efficience écono- mique. Le champ est vaste, la question est « Comment créer plus de richesses avec moins de ressources utilisées ? »

Pour conclure ?

Nous avons un modèle de capitalisme européen à construire face aux capita- lismes portés par Trump ou la Chine. Notre modèle s’appuiera sur une comptabilité intégrée, une comptabilité unique en euros intégrant les enjeux financiers et extra financiers.

Je parraine une expérimentation en cours sur 10 entreprises en région Sud. Cette nouvelle forme de comptabilité, le modèle CARE, changera la façon de créer de la richesse. Les entreprises peuvent déjà s’y préparer pour gagner.