L'apprentissage : une chance pour les jeunes, des emplois pour notre pays, par Valérie Beauvais

Valérie Beauvais est Député de Reims – Bourgogne depuis juin 2017, succédant au siège d’Arnaud Robinet, Maire de Reims.
Marié à un artisan, la Députée et conseillère régionale connaît bien le monde des TPE et de l’apprentissage.
A l’Assemblée nationale, elle est membre de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire et Vice- Présidente des groupes d’études « Vigne, vin et œnologie » et « Énergies vertes ». 

Que pensez-vous de l’apprentissage ?


L’apprentissage représente une formule extraordinaire pour commencer une car- rière professionnelle. Le jeune est direc- tement plongé dans le monde du travail, au contact de la réalité. Il bénéficie d’un statut de salarié avec les même droits et la même couverture sociale, d’une rému- nération y compris pendant sa période de formation théorique.

L’apprentissage, ces dernières années, n’avaient pas la cote auprès des jeunes, alors qu’ils peuvent obtenir un diplôme professionnel, identique à celui préparé sous le statut d'élève, y compris pour les diplômes de l'enseignement supérieur.

Ajoutons que les Centres de Formation d’Apprentissage sont le lieu privilégié d'une pédagogie spécifique à l'apprentis- sage de chaque métier. Le jeune va avoir une relation privilégiée avec un maître d’apprentissage qui va lui transférer ses compétences.

Qui peut devenir apprenti ? dans quel secteur et n’y a-t-il pas des difficultés pour trouver une entreprise ?


Pour devenir apprenti, il faut être âgé de 16 à 25 ans au début du contrat d'ap- prentissage et être reconnu apte à l'exer- cice du métier lors de la visite médicale d'embauche.
Les jeunes âgés d'au moins 15 ans peuvent souscrire un contrat d'appren- tissage s'ils ont accompli la scolarité du collège (de la 6ème jusqu'en fin de 3ème). L'apprentissage prépare aux métiers de l'alimentation, du commerce de détail, du bâtiment et des travaux publics, mais aussi à des métiers qui relèvent de tous les autres secteurs d'activité : hôtelle- rie-tourisme, services à la personne, secteur automobile, électronique, métiers d’Art (ébénisterie, tapisserie, etc).

Certains jeunes trouvent difficilement un employeur et c’est dommage ! Il faut que l’Etat encourage les entreprises à embau- cher des apprentis et lève les obstacles juridiques qui limitent leurs initiatives en la matière. 

Y a-t-il beaucoup d’apprentis en France et quel est le taux de réussite ?


Au 31 décembre 2016, on comptait 412 437 apprentis dans des centres de formation publics et privés, dont 152 489 dans l'enseignement supérieur, du BTS au diplôme d'ingénieur, ainsi que 36 279 apprentis dans des lycées.

L'apprentissage reste un moyen d'inser- tion performant. Au 1er février 2016, sept mois après leur sortie de formation en centre de formation d'apprentis, 64,9% des apprentis de niveau CAP à BTS ont un emploi. Par ailleurs, lorsqu'ils travaillent, plus de la moitié des jeunes formés par la voie de l'apprentissage ont un emploi à durée indéterminée (54,5%).

A vous entendre, l’apprentis- sage est une formule idyllique. Pourquoi la France est en retard sur ses voisins européens ? 

Effectivement, sans vouloir polémiquer, l’apprentissage a été le gâchis du quin- quennat précédent. Si les entrées en apprentissage ont semblé repartir, c’est en raison de deux mesures conjoncturelles :

- L’aide TPE apprentis pour les embauches d’apprentis mineurs qui fut une mesure à court-terme par excellence pour « doper » l’apprentissage avant les élections prési- dentielles, mais ce nouveau dispositif n’a fait qu’ajouter à l’illisibilité des aides, aux antipodes d’une vraie réforme structurelle.

- La forte hausse des contrats d’appren- tissage dans le public (+ 25%), l’Etat compensant et masquant le manque d’élan des entrées dans le privé – les embauches dans les services de l’Etat ont été multi- pliées par 5 et concernent des apprentis plus qualifiés que dans le public.

De fait, il s’agissait d’une hausse en trompe l’oeil : les embauches d’apprentis ont baissé de 2,3% dans les entreprises de plus de 10 salariés. La baisse s’élève même à 4,1% dans les entreprises de 50 à 199 salariés.

Aujourd’hui, l’apprentissage peine à se remettre des allers-retours opérés sous ce dernier quinquennat en matière de cadre juridique et fiscal, la confiance des acteurs étant durablement entamée.

Tournons-nous vers l’avenir. Des mesures vont être prises. Les soutiendrez-vous ?


Le Gouvernement a effectivement proposé une réforme qui devrait profondément transformer le modèle de l’apprentissage en France.

Plusieurs propositions vont dans le bon sens. Les apprentis bénéficieront d’un statut plus attractif. Ils verront leur rému- nération augmenter. Tous les jeunes d’au moins 18 ans percevront une aide de 500 euros pour passer leur permis de conduire. Ceux qui souhaitent s’orienter vers l’apprentissage, mais qui ne dis- posent pas des compétences requises, auront accès à des prépa-apprentissage.

Les freins seront levés pour permettre aux entreprises de s’engager dans l’appren- tissage : une seule cotisation alternance sera prélevée au lieu de deux aujourd’hui. Tout contrat en alternance sera financé. La possibilité d’embaucher des jeunes en apprentissage sera ouverte tout au long de l’année. Une aide à l’embauche unique ciblée sur les TPE-PME et sur les niveaux bac et pré-bac sera mise en place. Par ailleurs, les conseils régionaux se verront confier des responsabilités en matière d'information sur l'orientation.

Avec mes collègues du Groupe Les Républicains, nous étudierons le texte avec attention, approuverons les bonnes mesures et en proposerons d’autres pour l’améliorer.