La construction de logements, un chantier à part dans l'économie française par Jean-Luc Lagleize

Jean-Luc Lagleize, Député de la Haute-Garonne, est impliqué de longue date au niveau local sur les sujets du logement, de l’immobilier, de l’urbanisme et de la rénovation urbaine en tant qu’élu à la Mairie de Toulouse et à Toulouse Métropole.

Il partage ici une réflexion : l’accélération de la construction de logements n’est pas uniquement un enjeu technique réservé aux professionnels du sec- teur, mais un réel change- ment de paradigme visant à améliorer le cadre de vie de tous les Français.

Le secteur du logement est-il est un secteur économique comme les autres ?
Comme nous l’observons au quotidien, la société française connaît de profondes mutations. Les nouvelles technologies révolutionnent nos manières de vivre, de s’informer, d’échanger, de nous déplacer, de travailler ou de consommer. Toutefois, malgré ces transformations radicales, le logement reste encore et toujours au cœur de nos vies et de notre société. Pour cette raison, le secteur du logement est un secteur socio-économique à part.

Cela ne veut pas dire pour autant que c’est un secteur immobile ou archaïque. Il doit en effet lui aussi s’adapter à nos modes de vie : familles recomposées, personnes à mobilité réduites, mobilité accrue, crois- sance démographique, transition énergé- tique et numérique, etc. Nous voyons aussi comment l’arrivée de nouveaux acteurs, tels Airbnb, fait évoluer nos politiques publiques et nos habitudes.

Quelle serait selon-vous la priorité absolue pour adapter le secteur à ces nouvelles réalités ? Nul doute que pour moi, l’accélération de la construction de logements est une prio- rité de premier plan. Ce grand chantier est extrêmement important ! 

Tout d’abord, trop de Français ont du mal à trouver un logement. Or, chacun de nos compatriotes doit pouvoir disposer d’un toît décent et adapté à ses besoins. C’est une règle fondamentale de notre vie en société, car tout se construit à partir du logement : la recherche et l’épanouissement dans l’em- ploi, la rencontre des autres ou encore l’in- tégration sociale.

Ainsi, qu’il soit locataire ou propriétaire, chaque citoyen doit être assuré de trouver à l’endroit de son choix, en proximité de son emploi, un logement conforme à ses attentes et à ses moyens financiers. Le problème est que la demande de loge- ments n’a cessé d’augmenter dans un contexte de pénurie d’offre, ce qui a entraîné une hausse évidente des coûts pour nos concitoyens et donc de nombreuses diffi- cultés. L’accélération de la construction de logements pourrait donc permettre de remédier à cela.

Quels seraient les bénéfices de cette accélération de la construction de logements ?
Il faut garder une chose à l’esprit : contrai- rement à de nombreux secteurs écono- miques, le secteur du logement est une source essentielle d’emplois non-délocali- sables. Alors que notre taux de chômage est encore trop élevé, nous ne pouvons pas nous permettre de connaître un nou- veau ralentissement ou une nouvelle crise du secteur, comme nous l’avons connu à la 

suite de la crise économique mondiale de 2007. Ce serait donc là un premier bénéfice inestimable.
En outre, ce choc de l’offre aurait une autre externalité positive non négligeable : les nouveaux logements, les bureaux transfor- més ou les logements rénovés seront mieux pensés et mieux réalisés, et participeront donc à l’effort national de transition éner- gétique et écologique. Je tiens à préciser cela car le secteur du bâtiment est un émet- teur majeur de gaz à effet de serre.

Comment favoriser cette accélération dans la construction ?
En réalité, le secteur du logement peut être assimilé à un gros paquebot. Il est à même de subir des intempéries, mais une fois à l’arrêt, il met du temps à redé- marrer et à retrouver son rythme de croi- sière. Il est donc indispensable de créer un environnement législatif et réglementaire favorable et stable pour l’ensemble des parties prenantes.

C’est d’ailleurs l’objet du futur projet de loi portant évolution du logement, de l’aména- gement et du numérique (ÉLAN). Celui-ci vise à libérer le foncier constructible, accélé- rer l’acte de bâtir en simplifiant les normes de construction et les procédures admi- nistratives, favoriser la transformation de bureaux en logements, ou encore à digitali- ser le secteur du logement. Il ne nous reste plus qu’à retrousser nos manches pour les débats à venir !