L’entrepreneur est l’avenir de l’homme par Olivier Dassault

Le salariat est-il un vestige du passé ? Un contrat à durée indéterminé signifie-t-il encore quelque chose ? Le plein emploi est-il une vue des esprits dépassés ?

En 1967, Georges Pompidou promettait la révolution si la France atteignait les 500 000 chômeurs, nous en sommes à plus de trois millions, 3,74 millions en comptant l’outre-mer pour être exact. En 33 mois de mandat, François Hollande n’a connu que 4 baisses du chômage et si on intègre les demandeurs d’emploi qui ont exercé une petite activité, le chiffre passe à 5,53 millions de personnes inscrites au chômage.

La raison avancée de cette situation est l’absence de croissance. Depuis 1990  notre pays se débat avec un taux de croissance moyen d’un peu moins de 2 %  et en 2015, la France espère atteindre péniblement 1% de croissance. Est-ce ainsi que nous redresserons la situation ?  Paraphrasant le Général de Gaulle, peut-on continuer à sauter sur sa chaise en criant « croissance » « croissance », « croissance » alors que rien n’est réellement fait pour en créer les conditions ? Sans regarder la réalité en face, rien ne changera.

« Le changement du monde n'est pas seulement création, progrès, il est d'abord et toujours décomposition, crise ». Alain Touraine a raison : il faut décomposer, déstructurer, détruire, pour recomposer, restructurer et recréer. Voilà 40 ans que nous assistons, impuissants, à la décomposition, sous le jeu de forces internes et externes, de l’économie, de la société et de la nation française et pourtant jamais nous n’apercevons la lumière au bout du tunnel. Ceux qui ont pu partir l’ont fait ainsi que ceux qui ont dû, ceux qui restent sont les bénéficiaires du système mais aussi quelques idéalistes et beaucoup qui n’ont pas le choix car eux ne sont pas délocalisables. Est-ce à dire que le processus n’est toujours pas arrivé à son terme ou bien que ceux qui nous dirigent n’ont cessé de repousser les décisions difficiles ? 

Pourtant la France est avide de ruptures : l’élection de Jacques Chirac en 1995, le non au référendum sur le traité constitutionnel de 2005, l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, autant de signes que le peuple Français est mûr pour des changements radicaux. Un nouveau contrat social, une nouvelle Europe, une nouvelle France voilà ce qu’une majorité de Français ont exprimé plusieurs fois dans leurs votes, malheureusement ces aspirations ont toujours été déçues. Inutile dans ces conditions de se demander pourquoi le Front National monte.

Le changement, la rupture que revendique Génération Entreprise et Entrepreneurs Associés, c’est celui de l’entrepreneur au cœur de la société. C’est le retour du risque créatif, l’avènement de la liberté et de la volonté individuelle contre tous les principes de précaution et la bureaucratisation du monde. Si les entrepreneurs intègrent la possibilité de l’échec, ils aimeraient que désormais, la France leur laisse celle de réussir.

La nouvelle génération va nous y aider, notamment ceux que l’on désigne par le vocable « hipsters ». Définis par leurs pratiques de consommation et leur volonté revendiquée de toujours se distinguer, les hipsters sont le parfait exemple de ces entrepreneurs qui tentent de s’insérer dans tous les interstices de notre société pour y créer des niches insoupçonnables au premier abord, qui deviendront indispensables une fois en place comme les foodtrucks ou plus confidentiels, les aquariums à méduses vendus 25 000 dollars l’unité.

Ingénieurs, consultants, publicitaires, certains ont en commun d’avoir voulu changer de vie pour se lancer dans ces « start-up » d’un nouveau genre, n’ayant que peu à voir avec le numérique si ce n’estl’utilisation des réseaux sociaux et des plateformes de financements participatifs. Ces entrepreneurs new look ne sont plus les jeunes loups affamés des années 80, ils sont au contraire les produits d’une contre-culture anti-consumériste, locavore, bio, adepte des circuits courts et autres mouvements se voulant alternatifs. Ainsi s’est développée une économie du « fait maison » autour d’amateurs, décidé à produire eux-mêmes leur chocolat ou leur charcuterie pour leurs amis puis petit à petit l’ont transformé en activité professionnelle. L’heure n’est plus aux capitaines d’industrie mais aux micro-entrepreneurs de niches qui se jouent parfaitement des contraintes actuelles  en inventant de nouveaux modèles : ce sont les capitalistes du futur !

La petite entreprise souvent moquée voire vilipendée, comme encore dernièrement pendant les manifestations contre le Régime Social des Indépendants, devient l’idéal de nos post soixante-huitards. L’entreprenariat devient « l’acte créatif par excellence » comme l’écrit l’essayiste William Deresiewicz. Ces « capitalistes freelance » sont l’incarnation de la vision d’Adam Smith des bienfaits économiques de la spécialisation. Ils sont l’étape d’après le fordisme et la société de consommation, ils ont compris le besoin de sens et d’individualisation de consommateurs qui se sont éveillés à la conscience. Ils sont l’avenir.

La France ne doit plus avoir peur de son avenir comme disait Bernanos « l’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait », alors laissons les entrepreneurs faire !